Créé en 1994 par Caroline Caccavale et Joseph Césarini (réalisateurs indépendants), Lieux Fictifs est un laboratoire de création où l’image est considérée comme un moteur pour la pensée, l’imaginaire et la transmission. Cette démarche se concrétise dans la production et la réalisation de films, de créations visuelles et sonores, d’installations vidéographiques. Depuis plus de vingt ans Lieux Fictifs développe différentes actions de créations collaboratives entre des artistes et des personnes détenues dans un studio construit à cet effet au cœur de la détention à la prison des Baumettes-Marseille. Ce projet culturel est constitué de dimensions à la fois artistiques, éducatives et de formatives. Nous menons ces différents champs d’action avec une même exigence et une même nécessité de partager un processus de création, d’apprentissage et de rencontre.
Aujourd’hui, Lieux Fictifs développe et coordonne des ateliers de création partagée en prison et à l’extérieur, en France et en Europe. Mener ces ateliers revient à travailler sur des processus de changement et de transformation : déplacer le regard des participants sur eux-mêmes et sur le monde, des artistes sur leurs propres pratiques, mais aussi le regard du spectateur sur la société.
L’installation cinématographique Dans la solitude des champs de coton est exemplaire de la démarche entreprise par Lieux Fictifs. Cette oeuvre a été réalisée sur cinq années et diffusée en avant-première en juin 2013 à a Friche la Belle de Mai et en décembre 2013 au Musée d’Art Contemporain de Zagreb. Sa programmation à la prison de Sainte-Anne, en Avignon, est aujourd’hui en projet avec la Fondation Lambert qui investit ce lieu chargé d’histoire pour y présenter l’exposition La disparition des Lucioles.
De 2014 à 2016, Lieux Fictifs engage une nouvelle création, Anima. Ce projet réaffirme les dimensions de création collaborative, d’interdisciplinarité et de dialogue entre l’art, la prison et la société dans une recherche, et va associer cinq artistes : les deux cinéastes Caroline Caccavale et Joseph Césarini, le chorégraphe-danseur Thierry Thieû Niang, l’artiste plasticienne Emmanuelle Raynaut et le compositeur Lucien Bertolina. Ensemble, ils travailleront à l’écriture d’une création visuelle, sonore et dansée qui sera partagée avec deux groupes: l’un composé de personnes détenues et l’autre de personnes libres de Marseille – tous de générations (entre 15 et 80 ans) et de contextes sociaux différents. Ces deux groupes dialogueront entre eux à travers l’échange des matériaux que chacun aura produit et à travers les passerelles que les artistes s’attacheront à construire pour interroger le corps comme le lieu d’une mémoire en action.