Quelque part en Afrique de l’Ouest, à côté du chantier d’un pont inachevé, les cadres blancs de l’entreprise vivent dans « une cité entourée de palissades et de miradors ». Quatre personnages, piégés dans cet enclos, « terre d’angoisse et de solitude », épiés par des gardiens armés, invisibles et menaçants, se cherchent, se fuient et se confrontent brutalement pendant toute une nuit de violence, d’amour, de haine et de peur de l’autre. Alboury, un Noir, « mystérieusement introduit dans la cité », est venu réclamer la dépouille de son frère prétendument mort dans un accident de travail, en fait tué par un ingénieur blanc, Cal. Mais Cal, la trentaine, alcoolique, a jeté le corps et ne peut donc le restituer. Horn, soixante ans, chef de chantier, a fait venir de France Léone, en lui promettant le mariage mais il se trouve devant un choix impossible : protéger sa relation naissante avec elle ou faire respecter la justice. Léone a suivi Horn, parce qu’elle voyait là l’occasion de changer de vie, de laisser ce qu’elle a raté derrière elle.
Selon Laurent Vacher : « Chacun des personnages développe une obstination inébranlable, catégorique, qui conduit à l’affrontement, à une impasse et à leur propre perte ». Avec des mots parfois énigmatiques, qui claquent, résonnent, détonent, ils traduisent, chacun dans son propre langage, les égoïsmes et les lâchetés propres à l’être humain. Le drame est en marche qui « (me) fait penser à un western de S. LEONE. Ça ne peut que mal finir ». La pièce évoque , avec une puissance visionnaire le chaos du monde actuel, le chaos de notre humanité ; « elle est un miroir de notre début de siècle, violent, confus et en manque de repères ».
Critiques :
Véronique HOTTE : « Un moment de théâtre authentique, mené comme un thriller, vif et tendu, troublant et mystérieux », « Des comédiens d’envergure …admirablement dirigés »
Agnès SANTI : « Laurent Vacher a su concentrer et ciseler le drame , sans hystérie, sans surplomb, mais au cœur des rapports humains lestés d’obsessions et de désillusions »
LA TERRASSE : « Trente ans après P. Chéreau Laurent VACHER, met en scène cette pièce au plus près de la langue en évitant toute lecture facile et réductrice pour, au contraire, souligner les failles, les contradictions et l’humanité fragile de chacun des personnages du quatuor. Il n’impose pas de lecture du texte idéologique, sentimentale ou autre, il expose et explore les rapports humains désastreux, les obstinations, les surgissements d’amour ou de haine et la profonde solitude de ces êtres piégés»
Avec :
Quentin BAILLOT
Daniel MARTIN
Stéphanie SCHWARTZBROD
Dorcy RUGAMBA
Assistanat à la mise en scène : Adèle Chanoilleau
Régie générale : Cédric Marie
Scénographie : Jean-Baptiste Bellon
Création sonore : Michael Schaller
Création lumières : Victor Egea
Costumes : Marie Odin
Maquillage : Catherine Saint Sever
Production : Cie du Bredin – Co-production : TIL-Théâtre ICI et LA, Mancieulles – Château Rouge, Annemasse.